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La souffrance du soignant...

13 décembre 2017

...est une chance pour le système des soins

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Stethoscope on the Cardiogram

Une idée à creuser

La souffrance catalyseur

La souffrance humaine a depuis toujours été une source de grands changements et de révolutions. On peut dire de la souffrance des soignants qu'elle étonne et surprend. Je préfère, et de loin, qu'elle devienne un catalyseur de changements.

Car cette souffrance est avant tout un formidable indicateur de l'état du système de soins

Un système de soins qui fait face à de profondes modifications technologiques, sociétales et idéologiques, mais qui peine à y répondre et fait preuve d'une redoutable inertie, source principale de la souffrance des professionnels qui le composent.

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VOULOIR LUTTER CONTRE LA SOUFFRANCE DES SOIGNANTS, C'EST OSER METTRE EN QUESTION LE SYSTEME DANS SON ENSEMBLE

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Ainsi, parler de désertification médicale et réfléchir à des moyens d'obliger les jeunes médecins à s'installer là où personne ne veut aller, c'est nier le fait que ces jeunes médecins refusent tout simplement de faire les mêmes erreurs que leurs aînés, de sacrifier leur vie de famille au profit d'un système tout entier consacré au profit de quelques uns. Un profit dont ils sont les seuls à ne jamais profiter ! Un système qui soigne par les médicaments reléguant les mesures visant les causes des pathologies au rôle de simples conseils, tout en prétendant faire le contraire. Un système qui a inventé les génériques, par lâcheté, plutôt que d'imposer des prix justes aux industriels, et qui en plus se débarrasse de leur mise en place en déplaçant la responsabilité vers les médecins et surtout les pharmaciens.

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Tant que nous refusons de revoir en profondeur ce système, il y aura des professionnels en souffrance, et leur nombre va aller grandissant, car les défis qui sont en préparation ne peuvent qu'aggraver les causes de cette souffrance. Quels sont ces défis ?

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Défis technologiques

Convergence NBIC, big data, nanotechnologie, intelligence artificielle, ... Les révolutions technologiques en préparation sont nombreuses et leur Ã©volution plus rapide qu'il n'y paraît. Certaines de ces révolutions vont avoir un impact extra-ordinaire sur nos pratiques. Des systèmes d'intelligence artificielle capables de mieux interpreter qu'un humain un ECG, un EEG ou une echographie cardiaque sont en cours de développement. Des produits nanotechnologiques capables de donner un résultat d'ECBU en moins de 10 minutes sont en préparation, permettant de faire le diagnostic et de donner une liste d'antibiotiques compatibles. 

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Nous avons tendance à dire que les médecins généralistes sont indispensables pour le fonctionnement des soins, mais ne sommes nous pas déjà en train d'être remplacés par Google, le dossier médical informatisé et les algorithmes ? La performance, l'optimisation et le rapport bénéfice/coût n'ont-ils pas déjà supplantés l'empathie, la bienveillance et l'humanisme ?

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Demain, la collecte de data médicaux se fera via des objets connectés et des réseaux informatisés de plus en plus complexes. Cette fameuse télémédecine est en train de se passer complètement de médecins. Vous me croyez fou ? Regardez le recrutement des structures qui développent cette nouvelle "médecine". Je vous mets au défis d'y trouver une seule annonce cherchant un médecin. Le big data n'a pas besoin de médecins, un t-shirt connecté fera l'affaire...

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Défis sociétaux

Entre changements climatiques, surpopulation et mondialisation

Ca bouge de tous les côtés. La génération Y, individualiste, pressée, exigeante, surinformée et méfiante envers les médecines "classiques" qui voit en la médecine un objet de consommation, comme un autre. Les mouvements migratoires liés aux divers conflits, qui demain seront rejoints par les ceux en rapport avec les changements environnementaux prédits, et qui arrivent en masse dans nos pays en crise, et nous nous devons de les accueillir si nous ne voulons pas perdre encore davantage notre humanité ! Mais rien n'est prêt pour les accueillir dignement et les professionnels de soins sont en première ligne dans cette problématique.

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L'épuisement des ressources naturelles dont tout le monde parle, sans que cela ne change réellement nos habitudes. Lorsque nous commencerons à manquer de nourriture et d'eaux potables, ce seront encore une fois les professionnels de soins qui seront en première ligne. Déjà nous manquons chaque semaine de médicaments de base, introuvable dans les pharmacies, sans que cela ne mette la puce à l'oreille de ceux qui sont aux commandes ...

Manifeste pour une médecine nouvelle

Il faut réhumaniser le système de soins si on veut réellement en finir avec la souffrance

Une médecine du bon sens

Soigner un dépressif avec un dépresseur ne suffit pas. Injecter de l'acide hyaluronique ou mettre en place une prothèse, sans véritablement faire de la prévention via un coaching (contrôle du poids, activité physique adaptée) remboursé n'est pas digne et ne suit pas les recommandations. Les recherches sur le microbiome vont sans doute mettre en évidence des liens entre nos habitudes alimentaires et un grand nombre de pathologies soit-disant incurable et nécessitera de revoir complètement leurs prise en charge. 
Dans chacun de ces exemples il y conflit entre une activité commerciale profitable et le bon sens qui dit au lieu de soigner avec des médicaments, il faut changer nos habitudes de vie. La médecine doit enfin réellement tenir compte des études.

Un partenariat médecin-patient véritable

Face au déficits de notre système solidaire de santé, une responsabilité véritablement partagée entre un médecin et ses patients est logique et nécessaire. Nous ne pouvons plus nous contenter de baser tout le système sur une prise en charge médicamenteuse exclusive. Car, malgré les apparences enjolivées en cours, tel est le cas actuellement : non-remboursement de la diététique, de la psychothérapie, du coaching sportif, de la réadaptation respiratoire à l'effort,, etc.
Seule une prévention individualisée, organisée et suivie en partenariat avec les patients peut sauver notre système. Mais cela implique plus d'études non-financées par l'industrie pharmaceutique, car visant en premier lieu à éviter la nécessité de prescrire un traitement médicamenteux. Cela implique aussi un investissement des patients et des médecins plus fort.

Une réflexion nouvelle sur le rôle des acteurs de soins

Les acteurs, qui comme moi-même ont été brisés par un système privilégiant performance, optimisation et profit, sont les mieux placés pour dire STOP. Nous sommes les indicateurs d'une dérive du système, mais aussi ceux qui peuvent donner des idées pour l'améliorer.
La société toute entière doit entamer une réflexion sur le rôle de la santé et rôle des soignants dans leur vie. Je parle d'une vraie réflexion en profondeur au lieu des banalités habituelles du style "la santé c'est la vie", "vous êtes le pilier du système", "la France aime ses infirmiers", ... 
Commençons enfin à remplacer les slogans de marketing par les 4 vérités guidées par le bon sens. Sans médecine, la vie serait plus courte, étoffée d'une multitude d'évènements dramatiques, plus injuste socialement, ... et pourtant la société réclame "dommages et intérêts", "réparation" et même "justice" devant la moindre erreur. La société exige une permanence des soins 24/7, mais elle souhaite des professionnels reposés, en pleine forme et rémunérés moins qu'un plombier. Les patients se plaignent de l'attente, mais exigent que le praticien prenne le temps avec eux...

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Notre souffrance doit être utile

Souffrir peut prendre un sens, si cette souffrance sert de catalyseur pour l'amélioration des conditions en cause de la souffrance. Seule notre témoignage peut réellement rendre compte de l'étendue des failles, inepties et dangers de notre système de soin actuel. Nos témoignages doivent devenir le miroir qui reflète ces problèmes. Des problèmes que tous les acteurs connaissent, sans jamais mettre en oeuvre les restructurations nécessaires et évidentes pour les régler.

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Prendre en charge les soignants en souffrance ne suffit pas ! Il faut enfin remédier aux facteurs en cause dans l'apparition des souffrances.

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Rendons la souffrance utile à quelque chose, témoignons, crions nos souffrances à la figure de ceux qui ne font que les gérer...

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