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Une lueur d'espoir ?

Sur sa page du 13 février, le généraliste parle "d'une réforme globale du système de santé" mise en chantier par le premier ministre. Cette réforme en profondeur comporterait 5 volets :

- la qualité et la pertinence des soins

- le financement et les rémunérations

- le numérique en santé

- l'organisation territoriale

- les ressources humaines

Au journaliste d'y ajouter de suite "la crainte de la fin du paiement à l'acte" mise en avant par les syndicats des médecins.

Pendant un instant, une lueur d'espoir s'était allumée dans ma tête en lisant le préambule qui parle de ne plus vouloir "rafistoler" mais de réformer en profondeur ce système en décomposition depuis des décennies. "Heureusement", l'ajout de l'attaque immédiate des syndicats m'a ramené sur le sol gelé de la réalité...

Cette réforme est pourtant due depuis longtemps et elle ne concerne pas uniquement les médecins, mais bel et bien l'ensemble des citoyens, car, une fois pour toute, la santé est affaire de tout le monde. A force de querelles de clochers, les syndicats des uns et des autres ne font que miner d'avance toute tentative de ramener du bon sens dans ce tas d'absurdités que nous appelons aujourd'hui le système des soins.

1) la qualité et surtout la pertinence des soins sont effectivement l'un des problèmes récurrents dans ce système où les hospitaliers ne font pas confiance aux libéraux, où les médecins ne connaissent plus le travail des paramédicaux et où toute thérapeutique en dehors des médicaments sort du champ des soins remboursés

2) le financement et les rémunérations. Soyons bien clair : lorsque j'appelle mon plombier pour une intervention à domicile je ne m'en sors pas en dessous de 160€, en contre-partie une infirmière qui passe 1 heure à refaire un pansement ...de la même manière les traitements par statines coûtent chaque année plusieurs centaines de millions d'euros, alors que le coaching sportif et la consultation d'une diététicienne ne sont pas remboursés. Face à ces faits, à quoi bon de discuter de la reconduite de la rémunération à l'acte qui, pour devenir pertinente, devrait être multipliée par 2 ou 3 ?

3) le numérique en santé . Actuellement, lorsque je télétransmets un arrêt de travail, je dois toujours en faire une copie sur papier, les hôpitaux restent légalement obligées d'envoyer un courrier papier aux médecins, même si ceux-ci ont déclaré ne plus en vouloir, ... le numérique se fait soit sans papier, soit pas du tout.

4) les ressources humaines. la qualité des soins devrait se "mesurer" à la valeur humaine ajoutée. Cela implique que le soignant dispose d'assez de temps pour faire son travail de façon humainement et scientifiquement correcte, et, par conséquent, qu'il y a suffisamment d'embauches. Pour cela il doit être clairement dit aux fonds d'investissement qui spéculent sur les médicaments que leurs agissements ne peuvent plus continuer.

5) l'organisation territoriale. Va-t-en enfin réaliser de véritables réseaux de soins, comme cela se fait au Québec par exemple ? Des réseaux où le rôle de chacun est bien défini et surtout respecté, des réseaux qui évitent la multiplication inutile des biologies et des radiographies, des réseaux qui incluent tous les acteurs y compris les diététiciens, les psychologues, les ergonomistes, et les assistants sociaux.

Monsieur Edouard Philippe, ayez le courage de marcher sur les gros orteils de ceux qui freinent depuis toujours toute modification du système en cours. La santé va mal parce que tout le monde tient à ce que rien ne change réellement. Les patients acceptent de payer des sommes importantes pour leurs abonnements à la télé et au téléphone ou pour leur consommation de tabac, mais refusent de payer pour leur santé. Les médecins tiennent à une rémunération à l'acte, même si cette rémunération ne peut absolument pas être à la hauteur du travail réellement fourni. L'industrie pharmaceutique scie la branche sur laquelle elle est assise en demandant des prix exorbitants pour des médicaments dans le seul but d'augmenter les dividendes des actionnaires. L'administration enfin passe plus de temps à surveiller, faire des statistiques, retracer et gérer l'ingérable, qu'à favoriser une prise en charge de bon sens...

J'ai bien envie de garder cet espoir dont j'ai parlé au début, mais...

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